Le soleil était maintenant haut dans le ciel, et cela faisait déjà deux heures que Svana marchait, pour rentrer à Erünwen. Elle était plutôt endurante et elle ne montrait aucune trace de fatigue. Elle avait établi son campement pour la nuit une dizaine de kilomètres plus loin, à l'abri du vent et était repartie au petit matin. Les plaines d'Emeraude étaient immenses, et il était très rare de croiser des individus pendant son voyage. Cela faisait bien trois jours qu'elle n'y avait vu personne, ce qui était préférable que de tomber nez à nez avec des voleurs voire même des meurtriers. Elle avait hâte de rentrer à Erünwen, sa petite sœur lui manquait, elle lui avait écrit des lettres pendant son voyage, avait pensé à elle tous les jours, mais elle avait besoin de la voir, de la serrer dans ses bras, de l'entendre rire. Encore quelques heures de marche et elle serait bientôt de retour dans la forêt des murmures, sa terre natale, celle qu'elle adorait et protégeait, où elle se sentait si bien et en sécurité. Elle pouvait presque s'imaginer l'odeur des arbres et des plantes, la terre entre ses orteils, la bruit des gouttes d'eau s'écoulant dans les feuillages. Mais il lui restait encore du chemin à faire. Elle avait enfilé de grosses chaussures de marche noires, et portait comme d'habitude sa longue cape bordeaux qui lui descendait jusqu'aux chevilles. Il ne fallait mieux pas être reconnue loin des terres des elfes par des humains ou sorciers malveillants, d'où la nécessité de prendre le soin de cacher ses oreilles.

Soudain, elle aperçut quelqu'un marcher. Svana ne parvint pas à l'authentifier, ni même à savoir s'il s'agissait d'un humain ou quelque autre race. Cet individu ne semblait pas l'avoir vue et allait dans quelques minutes arriver à sa hauteur. Il fallait mieux être prudente. Elle se précipita derrière le seul arbre qui bordait le chemin et s'immobilisa. Lentement, l'elfe rabattit sa capuche sur sa tête de sorte que son visage fut entièrement caché, et sortit son arc. Sa main attrapa ensuite une flèche, et prête à tirer, sortit de sa cachette. « Ne bouge pas ou ma flèche te transperce le crâne. » Svana était une très bonne archère, notamment à la chasse, la jeune femme tirant seulement en cas d'extrême nécessité sur les individus. Mais elle ratait très rarement sa cible. Elle ne souhaitait pas lui faire de mal mais seulement lui faire peur. C'est alors qu'elle reconnut... « Fildir ! J'ai manqué te tirer dessus ! Tu m'as fait une de ces peurs ! » s'écria Svana sans abaisser son arc, ni retirer sa capuche. Quelle surprise. Cela faisait des mois qu'elle ne l'avait pas vu depuis leur dernière rencontre. Elle lui avait pourtant conseillé de ne pas jamais revenir, la terre des elfes était bien dangereuse pour un humain. Pourtant elle n'était pas mécontente de le revoir, cela lui faisait presque plaisir de savoir ce qu'il était devenu, et l'elfe se demandait surtout ce qu'il cherchait de nouveau dans les environs.